Le taoisme fonde d’ordinaire ses pratiques reconstituantes sur la maitrise de soi. Les annales du Nid des Nuées, texte taoîste dans lequel dit-on seraient recueillis les aphorisme de l’immortel Liu Tong Ping contiennent un passage qui traite de cette pratique.
L’exercice consistant à accorder l’esprit au souffle apparaît dans nombre de manuels taoïstes comme une pratique élémentaire destinée à éclairer l’esprit ; dans le bouddhisme aussi bien, il est traditionnellement prescrit comme un antidote à l’éparpillement et à la distraction du mental. Les Annales du nid des nuées poursuivent ainsi :
Cette pratique du souffle-esprit est abordée de façon un peu plus détaillée dans l’Alchimie à l’usage des femmes, manuel du à une célèbre adepte de la fin du XIXe siècle ; elle est évoquée en relation avec « l’affinement du moi », terme taoïste renvoyant à la pratique élémentaire qui consiste à vaincre le moi : impulsif en vue, dit-on, de devenir « vide » – et d’oublier précisément le moi.
Ce texte insiste également sur un autre point : l’état de prétendu « vide » auquel cet exercice peut conduire n’est pas une fin mais un moyen ; raffinement du moi est censé atteindre un point culminant, suivi par un éveil des potentialités qu’entravait auparavant la condition du moi.
L’expression « connais le blanc, garde le noir », issue du Tao tô king, est souvent utilisée dans les textes du taoïsme de la Complète Réalité pour désigner le processus de la méditation. Ici, le « blanc » représente le monde quotidien et la faculté rationnelle, alors que le « noir » renvoie à l’abstraction sans forme, à la « face cachée » non discursive de l’esprit. La rationalité, bien qu’elle puisse opérer avec justesse et utilité dans sa propre sphère et selon ses propres termes, ne constitue qu’une partie de la totalité de l’être humain. Non qu’elle soit rejetée – « connais le blanc » -, mais on lui interdit d’occuper entièrement l’attention – « garde le noir ». L’apogée consistant à « garder le noir » – soit la séparation d’avec le contenu des pensées quotidiennes – est l’ouverture de la conscience qui permet à l’« illumination de l’esprit » de venir « d’elle-même ».
L’expression « d’elle-même » apparaît riche de sens – à savoir que l« illumination de l’esprit » ne saurait être le fruit d’un projet. D’une manière générale, la pratique taoïste atteint la spontanéité sans effort par les moyens de l’effort ; pourtant, même l’immobilité, recommandée en tant que pratique, est considérée comme artificielle aussi longtemps qu’elle implique un effort. Dans la mesure où elle implique un effort – ce qui signifie qu’il y a division au sein de l’esprit -, elle aussi est perçue comme un obstacle à la réalisation. Dans un autre recueil de paroles, Voies de la grâce, Liu Tong-pin met en garde contre ce genre de fixation simpliste :
Certains taoïstes vont jusqu’à penser que les états d’agitation ordinaires conviennent mieux à la pratique de la tranquillité intérieure que des situations de calme extérieur. Dans ses Annales de la chambre de l’accomplissement de la béatitude, l’adepte Houang Yuan-ts’i, de la dynastie des Yuan, déclare :
Certains maîtres éminents du bouddhisme Tch’an (Zen), avec lequel le taoïsme de la Complète Réalité présente bien des points communs, ont eux aussi souligné l’importance de la pratique, tant au sein de l’activité qu’au sein du silence. Selon d’autres maîtres taoïstes, la paix et l’ouverture réelles -conçues comme une méthode visant à s’affranchir des limites de la subjectivité conditionnée et à déployer la conscience objective – ne doivent pas nécessairement être atteintes par le simple arrêt ou l’inhibition du mouvement de l’esprit, qui pourrait laisser intact le désordre propre aux habitudes invétérées ; celles-ci, en effet, s’imposeraient à nouveau en cas de stimulation du mental. Évoquant la nécessité de la pénétration tout autant que celle du calme, Pai-tchang, maître classique du Tch’an, dit : « Ce qui est retenu par le pouvoir de la concentration s’échappe à l’improviste pour surgir dans un autre contexte. » Un autre écrit taoïste, le Recueil de la religion de pure illumination, met en évidence la dimension active de la pratique auto-éclairante :
En outre, les taoïstes soutiennent que la pratique de l’immobilité elle-même peut susciter dans l’esprit certaines réactions subliminales incontrôlées à même d’égarer le pratiquant si des mesures appropriées ne sont pas prises pour les corriger. Selon les Annales de la montagne escarpée,
Dans les Annales du nid des nuées, Liu Tong-pin décrit aussi les différentes étapes propres à l’exercice de la quiétude :
Thomas Clearyextrait de son introduction à Lieou Yi-Ming
L’exercice consistant à accorder l’esprit au souffle apparaît dans nombre de manuels taoïstes comme une pratique élémentaire destinée à éclairer l’esprit ; dans le bouddhisme aussi bien, il est traditionnellement prescrit comme un antidote à l’éparpillement et à la distraction du mental. Les Annales du nid des nuées poursuivent ainsi :
Cette pratique du souffle-esprit est abordée de façon un peu plus détaillée dans l’Alchimie à l’usage des femmes, manuel du à une célèbre adepte de la fin du XIXe siècle ; elle est évoquée en relation avec « l’affinement du moi », terme taoïste renvoyant à la pratique élémentaire qui consiste à vaincre le moi : impulsif en vue, dit-on, de devenir « vide » – et d’oublier précisément le moi.
Ce texte insiste également sur un autre point : l’état de prétendu « vide » auquel cet exercice peut conduire n’est pas une fin mais un moyen ; raffinement du moi est censé atteindre un point culminant, suivi par un éveil des potentialités qu’entravait auparavant la condition du moi.
L’expression « connais le blanc, garde le noir », issue du Tao tô king, est souvent utilisée dans les textes du taoïsme de la Complète Réalité pour désigner le processus de la méditation. Ici, le « blanc » représente le monde quotidien et la faculté rationnelle, alors que le « noir » renvoie à l’abstraction sans forme, à la « face cachée » non discursive de l’esprit. La rationalité, bien qu’elle puisse opérer avec justesse et utilité dans sa propre sphère et selon ses propres termes, ne constitue qu’une partie de la totalité de l’être humain. Non qu’elle soit rejetée – « connais le blanc » -, mais on lui interdit d’occuper entièrement l’attention – « garde le noir ». L’apogée consistant à « garder le noir » – soit la séparation d’avec le contenu des pensées quotidiennes – est l’ouverture de la conscience qui permet à l’« illumination de l’esprit » de venir « d’elle-même ».
L’expression « d’elle-même » apparaît riche de sens – à savoir que l« illumination de l’esprit » ne saurait être le fruit d’un projet. D’une manière générale, la pratique taoïste atteint la spontanéité sans effort par les moyens de l’effort ; pourtant, même l’immobilité, recommandée en tant que pratique, est considérée comme artificielle aussi longtemps qu’elle implique un effort. Dans la mesure où elle implique un effort – ce qui signifie qu’il y a division au sein de l’esprit -, elle aussi est perçue comme un obstacle à la réalisation. Dans un autre recueil de paroles, Voies de la grâce, Liu Tong-pin met en garde contre ce genre de fixation simpliste :
Certains taoïstes vont jusqu’à penser que les états d’agitation ordinaires conviennent mieux à la pratique de la tranquillité intérieure que des situations de calme extérieur. Dans ses Annales de la chambre de l’accomplissement de la béatitude, l’adepte Houang Yuan-ts’i, de la dynastie des Yuan, déclare :
Certains maîtres éminents du bouddhisme Tch’an (Zen), avec lequel le taoïsme de la Complète Réalité présente bien des points communs, ont eux aussi souligné l’importance de la pratique, tant au sein de l’activité qu’au sein du silence. Selon d’autres maîtres taoïstes, la paix et l’ouverture réelles -conçues comme une méthode visant à s’affranchir des limites de la subjectivité conditionnée et à déployer la conscience objective – ne doivent pas nécessairement être atteintes par le simple arrêt ou l’inhibition du mouvement de l’esprit, qui pourrait laisser intact le désordre propre aux habitudes invétérées ; celles-ci, en effet, s’imposeraient à nouveau en cas de stimulation du mental. Évoquant la nécessité de la pénétration tout autant que celle du calme, Pai-tchang, maître classique du Tch’an, dit : « Ce qui est retenu par le pouvoir de la concentration s’échappe à l’improviste pour surgir dans un autre contexte. » Un autre écrit taoïste, le Recueil de la religion de pure illumination, met en évidence la dimension active de la pratique auto-éclairante :
En outre, les taoïstes soutiennent que la pratique de l’immobilité elle-même peut susciter dans l’esprit certaines réactions subliminales incontrôlées à même d’égarer le pratiquant si des mesures appropriées ne sont pas prises pour les corriger. Selon les Annales de la montagne escarpée,
Dans les Annales du nid des nuées, Liu Tong-pin décrit aussi les différentes étapes propres à l’exercice de la quiétude :
Thomas Clearyextrait de son introduction à Lieou Yi-Ming